Chez Thomas Cook, détenu à parité par le groupe de distribution Karstadt Quelle et par la compagnie aérienne Lufthansa, un accord a été signé prévoyant le passage pendant un an, avec option d'une année supplémentaire, de 38,5 heures de travail par semaine à 40 heures, en raison des difficultés financières de l'entreprise, a indiqué jeudi le syndicat de branche Verdi.
Seule compensation prévue: les heures supplémentaires travaillées seront inscrites dans un compte-temps et rémunérées au tarif normal (sans les primes d'heures supplémentaires) lorsque le voyagiste sera revenu dans le vert. Au cours de son dernier exercice fiscal écoulé, le groupe a essuyé une perte nette de 251 millions d'euors.
Les magasins Karstadt, filiale de Karstadt Quelle, font également pression en ce sens et réclament à leurs 47.000 salariés le retour à la semaine de 40 ou 42 heures, sans compensation. Il est nécessaire d'allonger le temps de travail hebdomadaire jusqu'à 40 ou 42 heures, a déclaré leur patron Helmut Merkel dans une interview au quotidien régional WAZ. Actuellement, le temps de travail moyen dans les magasins se situe entre 37 et 38 heures.
En échange, l'entreprise fait miroiter une réduction d'un plan de suppression de 4.000 emplois d'ici 2006. Karstadt et Thomas Cook s'engouffrent à leur tour dans une brèche ouverte récemment par le groupe Siemens qui a obtenu le passage sans compensation salariale de 35 à 40 heures dans deux sites, en échange de l'abandon d'un projet de délocalisation.
La liste des entreprises qui cherchent à allonger le temps de travail dans le pays s'allonge de semaine en semaine: le fabricant de matériel de chauffage Viessmann, le géant agroalimentaire suisse Nestlé, les équipementiers automobiles Continental et Bosch, qui vient par ailleurs de conclure un accord en ce sens en France, ou encore le conglomérat MAN. Dans le cas de MAN, le comité d'entreprise a toutefois rejeté jeudi tout retour aux 40 heures, accusant la direction d'avoir "considérablement fragilisé la paix sociale dans l'entreprise" par ses revendications.
En parallèle, chez le constructeur automobile Daimler Chrysler, un conflit social a éclaté à propos d'un plan d'économies de 500 millions d'euros de la direction, qui menace, faute d'accord, de supprimer 6.000 emplois sur son principal site Mercedes en Allemagne.
Le gouvernement veut aussi les 40 heures
La pression en faveur de l'allongement du temps de travail ne provient pas seulement du secteur privé. Le gouvernement veut faire passer le temps de travail des fonctionnaires fédéraux de 38,5 à 40 heures à partir d'octobre, tandis que plusieurs Etats régionaux ont entrepris de porter la semaine de travail de leur fonction publique à plus de 40 heures, comme la Bavière et la Hesse. Une voie que la compagnie publique des chemins de fer Deutsche Bahn voudrait aussi emprunter.
Du coup, les syndicats allemands se mobilisent. Le premier d'entre eux, Verdi (services) a dénoncé les pressions patronales sur le temps de travail, estimant que cela conduirait à davantage de chômage. Le temps moyen de travail hebdomadaire en Allemagne se situe à 37,7 heures, soit une heure de moins seulement que la moyenne de l'UE, et la durée effective de travail (incluant les heures supplémentaires) est déjà à 40 heures, a fait valoir le syndicat.
(D'après AFP)