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Je renonce.
Il y aura toujours le méandre d’une rivière,
Le coin d’une rue ou un bout de trottoir,
Un endroit où nous pourrions un jour nous revoir,
Là, maintenant encore, je le rêve, l’espère.
Nous pourrions nous asseoir sur la berge ombragée,
Regarder au fil de l’eau, le temps passé passer
Je glisserais doucement au creux de tes doigts
Des souvenirs, des vérités auxquelles je crois.
Nous regarderions le vol des oiseaux migrateurs,
Sans nous mettre à compter le passage des heures.
Nous regarderions le soleil au loin se coucher,
Laissant à la nuit le soin de nous écouter.

Nous pourrions nous asseoir sur une pierre,
Sur le seuil d’un vieil hôtel de maître,
Ou s’il pleut, à l’abri de sa porte cochère.
Pour la chaleur, nous confronterions nos êtres.
Tu me raconterais doucement ce que tu as vécu
Et moi, je mettrais mon âme peu à peu à nu.
Nous mettrions le temps qu’il faudrait pour ça
Et si les habitants nous chassaient de là.
Nous pourrions alors aller dans un café,
Un où les flammes de l’enfer brûlent encore,
Mais pas autant certainement que nos corps,
Pour laisser danser nos pensées enlacées.

Nous pourrions faire tant de choses ici-bas
Mais que nous ne ferons probablement pas.
La rivière ne sera pas dérangée par nos soupirs.
Le soleil ne sera pas ébloui par nos désirs.
La pierre de granit restera grise et froide,
Piétinée par des hommes aux allures roides.
Le porche ne résonnera pas de nos murmures
Et des reproches de dames seules trop mûres.
Le feu dans le café ne nous réchauffera pas.
Tu n’entendras pas ce que j’éprouve pour toi.
Et moi, je ne connaîtrai jamais tes réponses
Auxquelles maintenant déjà, je renonce.

Ecrit par Gabriel Ney et Denis Marion, le Lundi 19 Décembre 2005, 18:55 dans la rubrique Des poèmes.